D.O.Tron : le Tapis Volant, opus 463
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A la fin des années soixante et au tout début des années 70 j'achève la rédaction de l'ouvrage publié chez Losfeld sous le titre " De LA SCIENCE FICTION C'EST NOUS à l'interprétation des corps , et je travaille en collaboration avec Zia Eddin Mohamed Sharok Mirabdolbaghi et Alain Sabatier à une fresque , EXGANEU , où l'alphabet n'apparait que dans le nom d'un personnage qui le porte en guise de colonne vertébrale . Lorsque la Horde Catalytique arrive à Paris , Alain, Zia et moi y sommes intégrés officiellement , nous participons aux manifestes publiés et associons alors notre travail à celui de Franky Bourlier, Gil Sterg, Jacques Fassola, Richard Accard . Georges Alloro est resté à Nice mais est présent à travers ses travaux de lutherie . La fresque , originellement prévue pour le Musée d'Art Moderne de paris , sur une proposition qui n'eut pas de suite, resta à l'état de maquette, combinant photos, dessins et graphie, c'est dire large comme un mur d'appartement.
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Je crée alors en 1970 un livre rouleau titré AIMANT , pictographies . La première version de l'image titrée TAPIS VOLANT ci dessous est un extrait de ce livre , livre qui présente un parcours symbolique sur un long ruban dessiné. La deuxième version est une reprise du même scénario mais calligraphiée un peu plus tard dans le style de Zia , ce livre se présente alors sous la forme d'un dépliant. La troisième version a consisté à sectionner les diverses scènes de la première version en attribuant à chacune un titre, il devient alors un recueil de poèmes graphiques intitulé PICTOGRAPHIES, et plusieurs sont publiés dans l'anthologie "108 poèmes clés de Dominique Tron" , aux éditions de la Bartavelle. La version 4 du poème "LE TAPIS VOLANT " ci dessus associe cette pictographie colorée sur ordinateur et poème en vers libres en français et en partie en tahitien. on trouvera aussi des documents sur la Horde Catalytique que j'ai enlevé par la suite pour les placer à la suite de l'opus 336. La version 5 associe la même pictographie colorée aux strophes en tahitien du texte en les accompagnant d'une notation musicale. Les deux dernières strophes en français de la version 6 ont à peu près le même sens que les deux strophes en tahitien .La version 6 ne conserve que le poème en français avec quelques corrections , et des commentaires explicatifs .
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version 5
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opus 463
version 5
TE PARAU HUNA
LE SECRET
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'A pūpū tō 'oe ora pā'āto'a !
Donne ta vie toute entière !
'A fāri'i i te himene 'e te 'ori mo'a
Reçois le chant et la danse sacrée
tei nehenehe e tīhauhau i tō 'oe tino,
qui peut rythmer ton corps
i tō 'oe 'ā'au, i tō 'oe mana'o
tes entrailles, ta pensée
à travers la fraternité des étoiles
na roto te taea'era'a o te mau feti'a
de l'espace sidéral !
o te reva teitei !
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Teie te hōro'a o te manurere o te here
telle est l'offrande de l'oiseau de l'amour
tei nehenehe e ti'amā i tō 'oe 'aravihi
qui peut libérer ton ingéniosité !
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notation musicale pour chanter ce poème :
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version 6
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IL N'EST PAS VENIMEUX LE SERPENT DE TON DOS QUI REVE D'ETRE OISEAU
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NE PAS CONFONDRE LA COULEUVRE ET LA VIPERE
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D'abord , je m'éveillais prisonnier dans la caverne des âges
prisonnier de la chair
qui avait engendré ma chair,
prisonnier des illusions ancestrales
J'avais été enfanté pour les perpétuer.
Il fallait que je m'évade
Des rêves de ma mère et de mon père terrestre
Comment faisaient ils pour ne pas suffoquer ?
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Les pauvres , ils maudissaient les châines qui les ensorcelaient
mais leur union était sacrée ...
Ou alors ils avaient peur
car ils m'avertissaient que la vie était terrible ...
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J'étais bien parvenu à naître
Et comme la fleur qui éclot,
je ne pouvais calomnier la lumiere ou la rosée !
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Néammoins monde où j'avais été programmé me semblait hostile
il n'y avait ni repos ni consolation sinon l'étude
et tellement de querelles mêlée au pain quotidien !
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J'étais donc né chez des victimes
convaincus de la raison des bourreaux
Mon frère Freddy, lui, on le laissait tranquille
quoiqu'il fasse, mais moi
j'étais incurablement
pas conforme
toujours à perdre mon temps en lectures inutiles
et en songes creux , bref un illuminé
ce mot étant synonyme de fou pour les imbeciles !
Mais c'était moi que mon père traitait
d'imbécile heureux, de cossard, de fumiste
Lui c'était un malheureux imbécile.
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Prisonnier de l'espace et du temps de mes géniteurs
je secouais en vain la grille de ma prison.
Les réussites mondaines qui m'étaient données en exemple
m'effrayaient, je ne voulais ni les vivre ni les rêver !
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Mais finalement voilà, avec un peu de turbulence
et la patience de gravir les escaliers de l'enfance surveillée
j'avais réussi à m'échapper
de l'encadrement des robots ...
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Ce que les faux civilisés appelaient nectar,
c'était sans goût pour moi, cela ne me donnait ni force ni espérance,
c'était juste un mensonge déguisé en vérité,
un mensonge qui n'apportait aucun bonheur en héritage
mais seulement la crainte de malheurs plus sauvages !
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Je me retrouvais dans la jungle bétonnée.
D'abord je me cognais aux murs , je me blessais sur les miroirs ...
C'était donc vrai , mon père avait raison :
ce monde était une machine horrible
pour qui n'est pas né dans un palais
et même dans les palais on se faisait assassiner
chez les successeurs de César et de Mérovée !
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La capitulation me parut pire que la révolte
qui brisait ma solitude , car mes cris portaient loin
et résonnaient dans d'autres coeurs d'enfants blessés
affamés d'utopie , nous étions la promesse du lendemain
et nous allions construire un monde davantage respirable !
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Néammoins nous n'étions qu'un bétail pour les cow boys
Ils nous dispersaient dans les labyrinthes de leurs étables
et pour ne plus rester victimes des camarades devenaient bourreaux !
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Un livre de yoga me suggéra alors
que le poison était possible à transmuter en remède ...
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J'avais compris ce que je ne voulais pas être
Mon évasion serait sans retour, si possible
Fuir, fuir tres loin jusqu'aux Galapagos,
l'archipel où les oiseaux ne craignaient pas encore l'homme.
Aucune fleche ou balle fatale ne les avait informés
de ses appétits meurtriers !
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La caverne prison du vagin natal
n'était pas au sommet de la montagne où les babouins régnaient
Elle était juste un peu au dessus de la plaine
où les esclaves construisaient des pyramides à coup de fouet ...
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A force d'appeler au secours
avec des cris à réveiller les morts vivants que cela dérangeait
et à force de la secouer avec mon corps et mon esprit
La grille qui interdisait mon futur avait finalement cédé ,
et je me retrouvais en pleine lumière aveuglante de liberté !
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Fort des rêves magiques où j'avais été acculé
Je la fis se transformer en un tapis volant
tapis volant doué de parole et de sens pour m'éviter la chute
et me suspendre au dessus de l'horizon et de ses précipices !
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La méthode, la voici, elle est efficace :
Si ta vie est un désastre involontaire
alors avec ton troisieme oeil, celui qui s'ouvre au front
équilibre toi par le chant des cinq éléments
au dessus de la mort qui t'attend !
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Il n'y a pas de temps à perdre,
il faut être plus rapide que les chasseurs
alors sur la natte où tu médites ton miracle
invite un peu de mer astrale, avec ses vagues bleues !
Vois , ton tapis est tissé de racine et de terre ...
Emporte un arrosoir pour te rafraîchir, mais cherche la lumière
Et mets le feu à tes espoirs de régner dans ce monde ...
On ne peut que s'enliser là où les couleurs sont méprisées !
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Laisse à la ronde des oreilles de chauves souris aveugles
les appâts encore fumant du sang du gibier ...
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Toi qui préfère le jour transparent aux bijoux vaniteux
Emplis tant que tu peux ta poitrine de l'air bleu
celui que de ton nid tu aperçevais
entre les toits royaux des immeubles d'enfer !
mais maintenant tu es déjà presque libre et invisible dans le haut du ciel ...
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désormais tu peux jouer ta vie avec ta voile
On va te dire que mes conseils ce n'est que du vent
mais tellement tu en est plein que tu deviens léger !
L'air pénètre ta chair et même tes os à chaque souffle ...
Ca y est ,tes ailes sont prêtes , il te faut prendre ton élan
Et perdre la tête, laisse là s'enflammer
cela effraiera quelques temps les insectes
qui comptaient bien selon leur ancestrale coutume
se repaître en passagers clandestins
de ta nostalgie tellement lourde de bibelots et de faux respect !
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Maintenant, vois que ton dos tient droit comme un serpent
tendu vers le zénith qui aimante ta route
On ne te fera plus ramper ni cultiver le venin
Et même si tu rampes préfere les charmes de la couleuvre
qui s'enroule discrete autour de la pierre chaude ou glacée
aux press book des cobras même s'ils ont trois têtes !
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Ce monde est un terrain de jeu où tu as fais tes choix ...
Ce n'est que sur l'autre rive que l'illusion cesse ...
Alors bondis avec ton dos et ta langue vers l'infini
Jusqu' au cinquième élément de l'amour !
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Ton rêve et les étoiles sont tes guides pour ne pas te perdre.
Evidemment il ne faut pas être distrait
ni regarder vers le bas si tu ne dompte pas encore ton vertige...
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N'éteint à aucun moment les réacteurs du bleu, du vert
du rose et du violet, du jaune, du rouge
même le noir et blanc et l'ocre
sont à garder précieusement comme des trésors dans ton nouveau corps ...
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Voilà ça y est, maintenant tu survoles le désert
les fourmis dans leurs labyrinthes sous le sable t'ont carrément oublié
Tu es sorti de ton ancien toi même
et tu vois désormais le monde à travers ses murs ???
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Tu es comme immobile dans un coin de l'oeil supramental
et pourtant tu voyages aux confins de l'univers avec ton tapis volant !
Le parfum de toutes fleurs est à toi et si tu veux qu'il dure
ne les décapite pas , ne suis pas la voie des mauvais ancêtres
Comme ils ont perdu la tête, ils ont besoin de celle des autres
ils organisent la pénurie pour améliorer leur business
on les appelle créateurs car ils produisent toutes sorte de chaines
en or , en platine, en acier ou en haine !
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Sois patient avec ta vie, accomplis ton jardinage
et n'idôlatre ni l'homme ni la femme ni toi même
il y a une règle du jeu qui vaut pour le papillon comme pour le rapace
Le mieux est de glisser ton esprit en toute présence pour l'observer
mais sans convoitise afin que l'ogre immonde
évite d' être tenté par un tournoi fatal
sur son champ de bataille , ne t'y égare pas !
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Ne confond pas comme lui la couleuvre et la vipère ...
Le diable venimeux et féodal calomnie les pacifiques
afin de se faire passer pour protecteur des serfs !
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Donne ta vie totalement au souffle Supramental de la Justice :
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Reçois le chant et la danse sacrée
qui peut rythmer ton corps ,
ton âme et ton esprit
par la fraternité des astres
de l'espace sidéral !
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Tel est le message de l'oiseau amour
qui peut libérer ton ingéniosité !
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A l'époque des Pictographies , Zia était mon ami le plus proche , de tous les jours , il avait d'abord été peintre, et avait illustré , en compagnie d'Alain , mon livre "La science fiction c'est nous" était alors élève de Jamchid Chemirâni . Il était venu habiter près du moulin à grain à Saint Mandé, près du bois de Vincennes, pour que nous puissions nous entraîner dès le matin , lui au zarb , pendant que je dansais et chantait dans l'attente de l'heure du cours de Roger Ribes, mon maître. Lorsque j'étais arrivé à Paris , je m'étais inscrit à tous les cours de danse gratuit, à la Cité Universitaire , au Bullier. Il était entendu avec Elisabeth qu'elle m'y accompagnerait, mais cela n'eut pas lieu. A l'Université Paris 8, Roger nous faisait mettre nus avant de donner son cours, apres avoir fermé à clés l'amphi . Il nous invita à recevoir gratuitement même ses cours payants dans son studio de danse de la rue du Bac, juste à côté de la rue de Varennes , où je grimpais de temps en temps chez Aragon. En 71 je partis 3 mois à Bali étudier la danse avec Nyoman Djayus . Au retour ,en descendant de l'avion, avant de passer chez moi, j'allais directement aux cours de Roger. Puis en janvier 74, je retournais à Bali et en Inde . La horde fut dissoute, on se dispersa, et quand je revins soutenir ma thèse au département théâtre en 77, on me proposé de prendre la succession de Roger à l'université, car il avait été invité par une école de danse de Venise. A Paris, je poussais les meubles chez Aragon pour lui montrer la première version du théâtre catalytique des oiseaux de Paradis , il m'assura de son complet soutien pour organiser des spectacles. Néammoins je retournais en Inde où m'attendait Christine et mes élèves . Lorsqu'en 1982 j'arrivais à Paris avec le camping car que nous avions aménagé pour les spectacles de l'Eden Duo, j'allais directement chez lui. Il venait de décéder, après des mois de douloureuses escarres me dit Ristat. la photo de ma danse était restée toutes ces années accrochée dans sa chambre. Ensuite, apres deux ans de spectacles de danse et l'animation musicale au théâtre équestre de Jean noël François, je partis en Polynésie, où je vécus 22 ans, mettant en scène mon théâtre et d'autres auteurs, puis exposant mes peintures. Il y eut aussi ma vie à Formentera, et un passage en catastrophe au Brésil, où je fus très malade. Et le retour en Afrique , où j'étais né.
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Ci dessous : mon maître Roger Ribes , danseur naturiste, à qui Jérome Andrews avait transmis sa technique de ballet.
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